Les spécialistes ont consacré et consacrent encore leur vie à la classification des espèces ce qui n’est pas toujours chose facile, notamment avec les scléractiniaires, coraux durs bâtisseurs des récifs, auxquels nous nous limiterons ici. Elle évolue encore de nos jours et, avec l’analyse génétique, on constate la création de nouvelles familles, des regroupements de genres, ou même la suppression de certaines espèces.
Les éminents biologistes, depuis Blainville, Dana et jusqu’aujourd’hui Carden Wallace et John E.N Veron (Charlie Veron), s’appuient sur un vocabulaire propre à faciliter la caractérisation de nos coraux. Si nous souhaitons nous-mêmes attribuer un nom d’espèce plus réaliste à nos hôtes, exploiter les résultats de leurs précieuses observations et ainsi mettre en place des conditions de maintenance appropriées, il semble indispensable de comprendre la terminologie employée. Les termes d’usage, on le verra, ne sont pas aussi inaccessibles qu’on peut le penser, alors pourquoi ne pas les reprendre au quotidien lorsqu’ils s’avèrent plus explicites que nos descriptions approximatives.
1. Anatomie du corail
1.1. Le squelette
À la différence des coraux mous dont le maintien est assuré en partie par de petites aiguilles internes en réseau plus ou moins dense (spicules ou sclérites), les coraux durs prennent appui sur un squelette (polypierite) continu en calcaire c’est à dire du carbonate de calcium (CaCO3) qu’ils sécrètent. Il s’agit de la calcification.
Cette calcification (on parle de "précipitation bio-contrôlée", "bio calcification" ou "bio minéralisation") est le fruit de processus complexes que les biologistes cherchent encore à expliquer dans les détails, mais dont les moyens d’observation de plus en performants révèlent progressivement les secrets. Concentrons-nous sur l’essentiel.
1.2. Le polype
La partie vivante du corail est constituée par les polypes et entre eux le coenosarque. Les coraux sont des organismes diploblastiques donc organisés en deux feuillets cellulaires, l’ectoderme et l’endoderme, séparés par une mince couche de gelée (mésoglée).
- Lorsque les feuillets cellulaires font face à l’eau de mer on parle de tissus oraux (ectoderme oral, mesoglée orale et endoderme oral).
- Lorsque ces feuillets font face au squelette on parle de tissus aboraux (ectoderme aboral ou calicoblastique, mesoglée aborale et endoderme aboral).
Plus exactement, l’organisme est constitué de deux couches de ces feuillets, placées en opposition. Entre les tissus endodermiques se trouve le coelenteron autrement appelé cavité gastrique. L’ensemble contient des cellules aux fonctions variées (sensorielles, musculaires, défensive, digestives…) adaptées à chaque cas :
- Le feuillet externe au contact de l’eau (ectoderme oral) recueille les minéraux tels que le calcium, absorbe la majeure partie des matières organiques dissoutes dans l’eau (glucose, alcool, acides aminés…) et les ions bicarbonate (HCO3) diffusés et/ou transportés vers les zooxanthelles pour la photosynthèse.
- Le feuillet interne (endoderme) assure des fonctions similaires. L’endoderme oral concentre dans ses zones superficielles, les algues symbiotiques (zooxanthelles) qui agissent sur le métabolisme du corail et qui selon plusieurs hypothèses, favoriseraient la calcification.
- La cavité gastrique (coelenteron) transporte les éléments nutritifs à tous les niveau de la colonie, assurant ainsi la survie des polypes les plus démunis et, ce qui nous intéresse ici, elle amène les éléments organiques et minéraux nécessaires à la bio-calcification au plus près du squelette, vers l’ectoderme aboral.
- Le feuillet externe au contact du squelette (ectoderme aboral), compte tenu de ses fonctions particulières, est appelé ectoderme calicoblastique. Il possède des cellules spécifiques (desmocytes) destinées à l’ancrage des tissus au squelette
Memo
Derme du grec derma , peau, tissu.
Ecto du grec ektos en dehors, externe.
Ectoderme tissu externe, vers l’eau .
endo du grec endon, dedans, interne.
Endoderme tissu interne, vers l’organisme.
oral du grec oris , relatif à la bouche.
Ectoderme oral , tissu externe dont la continuité constitue la bouche.
ab du grec loin.
Aboral à l’opposé de la bouche.
Endoderme aboral tissu interne face au squelette.
1.3. La calcification
Nous y arrivons, le feuillet externe au contact du squelette contient les cellules spécialisées (calicoblastes), régulatrices de la bio-calcification. En effet, l’ectoderme calicoblastique diffuse au travers de ses tissus et jusqu’au squelette les éléments juste nécessaires à la production squelettique. Il sécrète à son interface avec le squelette, une série de substances organiques sous la forme d’une matrice colloïdale appelée "Fluide Extracellulaire Calcifiant" (ECF) où les ions CO32- et Ca2+ s’associent en carbonate de calcium et cristallisent sous une de ses trois formes, en aiguilles : l’aragonite.
Le squelette contient approximativement 90% de carbonate de calcium (CaCO3), 1% de strontium (Sr), 0.5% de sodium (Na), 0.05% de magnésium (Mg) ainsi que d’autres éléments sous formes de traces. Le taux et la progression de la calcification varient selon des facteurs écologiques (lumière, profondeur, nourriture…) et génétiques comme on va le constater.
2. Méthode d’analyse
En attendant que l’analyse ADN se développe, l’identification est essentiellement basée sur des critères liés à la morphologie de ce squelette. Toutes les analyses suivent la même séquence : on considère en premier lieu le type morphologique général de la colonie (en complétant par l’aspect des branches pour les branchus), puis on observe l’organisation de la colonie et enfin on étudie la structure du squelette, notamment celle des corallites qui abritent les polypes. Nous nous limiterons modestement à comprendre quelques critères principaux.
3. Morphologie des colonies
La première analyse porte sur la forme de la colonie dans son ensemble.
3.1. Dans le milieu naturel
Comme on l’a vu dans l’article "Les récifs coralliens tropicaux", les morphes ne sont pas toujours identiques et peuvent évoluer selon l’écosystème : le lieu géographique, la localisation sur le récif et plus globalement selon les conditions de vie du corail, ce qui malheureusement ne facilite pas l’identification visuelle.
Ainsi les colonies d’une même espèce peuvent adapter leur morphologie au biotope, et changer radicalement d’apparence comme par exemple Psammocora spp, Echinophyllia spp ou Pocillopora damicornis (illustration ci contre) qui occupent aussi bien la zone brassée des brisants en surface que les eaux calmes et profondes jusqu’à 40 m, ou bien Turbinaria reniformis qui adopte une forme en feuilles dans le lagon mais en entonnoir sur la pente externe.
La question du lieu ne régit pas tout, ce serait trop simple. Les colonies sont soumises à des conditions variables dans le temps. On sait que la forme générale ou la structure d’un corail juvénile évolue avec l’âge. En effet, la croissance diminue au fil des années du fait que le métabolisme du polype s’affaiblit et que la surface de la colonie directement exposée au milieu diminue par rapport à son volume. De plus, la croissance d’espèces
limitrophes peut contraindre la croissance d’un corail. La forme d’une même colonie évolue donc dans la durée et une observation à
un instant précis peut être contredite au fil de l’évolution.
Si cette première étape est à la portée du biologiste qui a la chance d’observer des colonies de bonne taille au port représentatif dans leur milieu naturel, elle est bien plus difficile pour nous aquariophiles avec avec les contraintes qui suivent.
3.2. En mariculture et aquaculture
Les pieds importés sont issus de mariculture où les conditions d’élevage, comme le brassage, l’orientation des boutures, l’ensoleillement sont déjà différentes des conditions d’origine. De plus, pour répondre à une logique de productivité ou d’attentes du client, les aquaculteurs forcent ou dénaturent les croissances par des traitements physiques ou chimiques. Certains spécimens nous arrivent avec des tissus à fleur de squelette ou avec des couleurs aux pastels révélateurs.
3.3. Dans nos bacs d’amateurs
Dans l’espace restreint de nos aquariums, malgré les progrès constants du matériel, les techniques employées ont leurs limites, la qualité de l’eau s’écarte toujours du référentiel marin, et les conditions biologiques sont encore très loin du milieu naturel.
Les coraux ont bien souvent une capacité d’adaptation rapide et lorsque les conditions s’y prêtent, ils régissent à leur nouvel environnement pour devenir parfois méconnaissables. Les éclairages fluorescents développent des couleurs inhabituelles, les pigments réagissent à la puissance des Leds, les branches se vrillent dans le courant d’une pompe ou se dressent à la recherche de la lumière. Les formes sont grêles selon la carence ou le surdosage d’éléments, les lames se plient en réponse aux agressions chimiques des coraux proches.
Selon le niveau d’agression ou les apports bénéfiques (nouriture, oligoéléments…) , la
croissance pourra être ralentie ou accélérée, mais les coraux ont rarement le temps de développer leurs formes naturelles. Les grosses colonies dépassant quelques dizaines de centimètres dans les aquariums restent de toutes façons minuscules à l’échelle du récif.
3.4. morphes des colonies
On le voit, l’analyse de la colonie dans sa globalité reste pour nous une tâche bien difficile. La prudence doit donc s’imposer dans l’interprétation de nos observations. Pour autant, faut-il se désintéresser de cet aspect ? Certainement pas, une fois le corail à peu près identifié, nous pourrons mieux connaître son mode de croissance et nous saurons le placer dans le volume de l’aquarium où il pourra résister contre les dérives ou prédateurs qui ne manqueront pas de survenir, et s’épanouir.
Le tableau qui suit résume les différents termes utilisés dans la description des formes des colonies. On l’a vu plus haut, ceux-ci ne s’excluent pas mutuellement et plusieurs termes peuvent servir à décrire une espèce selon le milieu. Les qualificatifs des scientifiques sont souvent empruntés à la botanique et parfois à la médecine, et lorsque les formes s’approchent du modèle sans lui ressembler exactement il est d’usage de rajouter le préfixe "sub", par exemple "sub-massif" pour exprimer "à peu près" ou "pas tout à fait".
Forme de la colonie | Illustration | Modèle | Définition |
---|---|---|---|
Arborescente (arborescent) |
Les colonies arborescentes ou branchues ou rameuses sont composées essentiellement de branches de grande taille dressées en forme d’arbre. Les anglo-saxons utilisent des appellations imagées (staghorn) quand les coraux ont l’apparence de cornes de cerf (Acropora cervicornis) ou (helkhorn) pour les cornes d’élan (A. palmata). | ||
Buissonnante (bushy) De taille plus réduite que les colonies arborescentes, les formes en buisson épars sont déclinés en plusieurs formes. |
Cespiteuse (caespitose) : les branches, plus ou moins courtes et fines, sont connectées (anastomose) à leur base de manière compacte et s’épanouissent en un bouquet (clump) régulièrement réparti dans l’espace (A. secale, A. nana). |
||
En touffe (thicket) : buissons de taille moyenne, compacts, formés de branches fines, verticales (A. yongei, A parilis, Seriatopora). | |||
Corymbiforme (corymbose) : Les branches sont relativement courtes, en élévation et de longueur inégale, de telle sorte que les extrémités sont pratiquement sur un même plan (A. cerealis, A tenuis). Noter que de nombreuses colonies tabulaires sont assemblées en corymbe. | |||
En coussin (cushion) : constitué de branches fines et courtes (A. millepora). | |||
Hispide (hispidose) : du Latin hispidu qui signifie hérissé de poils. Les nombreux rameaux latéraux, courts, donnent aux branches principales un aspect de goupillon (bottlebrush) (A. echinata, A. batunai, A. subglabra, A. carduus, A. awi, A. elseyi, A. longicyathus, A. turaki). | |||
Prostrée (prostrate) : Les branches de la colonie se prosternent, elles s’étalent en s’inclinant vers le substrat (A. hemprichii, A. florida, A. tortuosa, A. abrotanoïdes). | |||
Massive (massive) |
Colonies épaisses et globuleuses de forme régulière (Favia, Favites, Galaxea). | ||
Encroûtante (incrusting) |
Les lames de la colonie enveloppent le substrat et y adhèrent fermement en formant une croûte avec parfois quelques excroissances (Porites). De nombreuses espèces d’acropora ont leur base encroûtante (A. robusta). | ||
Columnaire (columnar) |
Formation de colonnes ascendantes (Porites, Dendrogyra). | ||
Digitée (digitate) |
Colonies composées de branches courtes non divisées et non inter connectées comme les doigts d’une main (Acropora humilis, Stylophora). Des branches digitées peuvent être observées sur des colonies tabulaires ou buissonnantes. | ||
Tabulaire (table) |
En forme de tables, plateaux ou balcons horizontaux, avec le pied central ou bien déporté sur le côté. | ||
Laminaire (laminar) |
En forme de lames ou plaques horizontales à plusieurs étages. Le terme anglais "explanate" est parfois utilisé (A. cytherea, Pachyseris). | ||
Foliacée (foliated) |
En feuilles ou lames fines plutôt verticales et plus ou moins entrelacées et spiralées (Turbinaria reiniformis, Montipora foliosa, Pavona, Echinopora). | ||
Turbinée (turninate) |
Turbiné, du latin turbinatus qui signifie toupie, représente une forme en entonnoir (Turbinaria mesenterina). | ||
Libre (free) |
Colonies ou polypes solitaires simplement posés sur un substrat dur ou meuble (vase, sable…) (Fungia, Trachyphyllia, Goniopora). |
4. Aspect des branches
Lorsque les colonies se développent en branches (arborescentes, buissonnantes, digitées ou tabulaires) il y a lieu de préciser leur aspect. On s’appuie sur trois notions fondamentales qui renseignent bien sur le mode de vie de la colonie :
- La porosité, proportion d’espace libre entre les branches. Les colonies poreuses, peu denses, permettent le passage de la lumière et de l’eau plus facilement à cœur, facilitant l’oxygénation, la photosynthèse et l’apport de nourriture aux polypes internes.
- Le diamètre des branches, relativement à (la taille de) la colonie. Les branches isolées et épaisses favorisent le passage des flux.
- La régularité dans l’alignement des branches favorise les écoulements d’eau.
5. Organisation de la colonie
La colonie constitue l’ensemble des individus (les polypes) et de leur production squelettique (le polypiérite). Le polype construit un squelette que l’on peut décomposer en plusieurs éléments "standard". Comme chaque espèce construit ces éléments squelettiques, et parfois seulement quelques uns, et les multiplie à sa manière, il est intéressant pour l’identification d’observer l’arrangement de la colonie et, on le verra ensuite de façon plus fine, la structure du squelette. Les aquariophiles peuvent déjà avoir une idée de l’organisation de la colonie en observant le corail vivant, surtout lorsque ses polypes sont rétractés, mais l’analyse scientifique plus rigoureuse s’effectue sur le squelette dénudé afin d’en détailler tous les aspects.
Pour une meilleure compréhension de ces dernières étapes d’identification, on peut revoir les différents éléments d’un squelette type.
5.1. Morphologie du squelette
Si on réalise une coupe transversale du squelette, on découvre deux zones principales, le corallite au niveau du polype et le coenosteum entre les polypes. On le comprend, la première sera essentielle dans le cas de gros polypes solitaires, la seconde prendra plus d’importance sur les colonies à petits polypes espacés.
5.1.1. Le corallite
C’est l’ensemble du squelette délimité par le polype, depuis la surface jusqu’au cœur du squelette. Il se décompose lui même en zones caractéristiques :
- Le plancher ou plateau basal : il s’agit de la lame calcaire sur laquelle s’appuie le polype. Plus tard le polype se rétractera vers le haut pour construire un nouveau plancher en formant une structure interne, comme un immeuble dont seul le dernier étage, le corallite, serait occupé par un locataire, le polype.
- Le mur ou muraille : c’est la bordure verticale plus ou moins longue, élevée par le polype au cours de sa croissance.
- Le thèque : c’est le sommet du mur.
- Endothèque : partie interne du mur.
- Périthèque : partie externe au mur.
- Le calice : c’est la zone visible, interne du corallite.
- Les septes : il s’agit des renforts soudés au plateau basal, en lames verticales qui divisent le mur radialement selon un multiple de 6 (hexacoralliaire). Leur nombre varie de 12 à plusieurs centaines. Ils sont souvent de tailles différentes, les septes primaires étant moins développés que les secondaires, réparties selon un cycle qui est le reflet de l’organisation tissulaire. Ce cycle septal, plus ou moins facile à décrypter, et la forme des dentures au sommet des parois sont exploités pour établir la systématique du corail.
- Les côtes : ce sont le prolongement des septes à l’extérieur du calice. Comme les septes, elles se diversifient selon des alignements et dentures propres à l’espèce.
- Les lobes paliformes : on définit ainsi les petites parois verticales, indépendantes des septes, qui se développent près du centre.
- La columelle : c’est une structure verticale en réseau, au centre du corallite, à l’emplacement laissé par les filaments mésentériques. Il existe plusieurs formes :
- styliforme : une seule tigelle verticale cylindrique
- lamellaire : une petite lame située dans le plan directeur
- papilleuse : petites tigelles verticales
- spongieuse : entremêlement et soudure de dents paliformes
- chicoracée : lorsque les éléments sont soudés entre eux.
5.1.2. Le coenosteum
Le coenosteum ou exothèque est la matrice du squelette entre les corallites qui s’étend de la surface jusqu’au cœur du squelette. Les limites de cette zone sont parfois difficiles à déterminer et peuvent prendre plusieurs noms selon la structure. Le "coenosteum" est par exemple attribué à une structure spongieuse alors que l’on désigne par "épithèque", une couche fine et dense.
5.2. Arrangement des colonies
Il est différent selon que le polype se divise lui même, donnant naissance à un polype fille dans le même calice (bourgeonnement intra-tentaculaire) ou que des polypes filles se développent en bordure du polype parent (bourgeonnement extra-tentaculaire) ou encore que les polypes perdent leur identité lorsque les bouches se rejoignent ou bien s’alignent en vallées bordées de véritables murailles.
Le mode de croissance des corallites est tel que, chez certaines espèces, la même appellation définit à la fois la forme du corallite que la colonie elle-même (ex : Flabello-méandroïde). La notion de colonie en devient parfois difficile à apprécier, comme par exemple chez les Fungiidae qui présentent des espèces individuelles à une bouche (Fungia sp., Cycloseris sp.) et d’autres coloniales à plusieurs bouches (Herpolytha sp., Polyphyllia sp.). Doit-on parler d’individu à plusieurs bouches ou de colonie à bouche unique… Difficile certes, mais d’autant plus intéressant chez les espèces dont l’arrangement devient déterminant pour l’identification… à condition que plusieurs configurations ne cohabitent pas.
Analyser le squelette
Eric Borneman préconise de prélever une partie du corail et de la faire tremper dans de l’eau de javel pendant 24 à 48h afin de faire disparaître toute trace de tissus pouvant gêner l’observation.
Il conseille également l’utilisation d’une loupe binoculaire ayant un pouvoir grossissant de x25 muni d’un réticule gradué pour les mesures, d’un plateau réglable 3 axes de manière à ajuster au mieux les plans d’observation et d’un éclairage multi-directionnel.
En tant qu’aquariophile nous pouvons hésiter à pousser si loin l’étude mais cela est moins choquant si nous le faisons à partir d’une branche cassée accidentellement ou à l’occasion d’un bouturage ou encore à la suite de la perte de l’animal.
6. Structure du squelette
Pour certaines familles, la notion de grandes vallées et murailles disparaît, l’organisation de la colonie n’est pas fortement influencée par le mode de croissance des corallites et l’organisation coloniale ne suffit malheureusement pas à l’identification. Il est alors indispensable de scruter la structure propre du corail : les corallites et le coenosteum. Si nos photos macro d’amateurs permettent de deviner quelques formes de corallites sur nos spécimens vivants, l’analyse fine requiert une observation microscopique des squelettes dépourvus de tout tissu et la mesure des diamètres de corallites.
Une analyse correctement conduite est longue, les particularités sont telles que les spécialistes répertorient une soixantaine de critères qu’il appuient parfois par des analyses de l ’ADN. Nous n’évoquerons que les principaux.
6.1. Structure des corallites
L’observation va essentiellement porter sur la forme et la structure interne des corallites. Concernant les Acroporidae, on distingue les corallites axiaux spécifiques à cette famille et les corallites radiaux.
6.1.1. Corallites axiaux
Parfois nommés "corallites de croissance » chez les acropora qui développent des branches et des rameaux selon un axe principal, ils sont en effet souvent situés en bout des branches et déterminent l’axe de croissance. Ils peuvent également se former sur les côtés des branches ou à partir des surfaces encroûtées.
Les scientifiques analysent la quantité de corallites axiaux secondaires, le nombre, l’agencement, le cycle, la forme et les dentelures des septes primaires et secondaires, c’est d’ailleurs chez certaines familles comme les Fungiidae, la seule manière d’identifier quelques espèces. Ils analysent de la même façon les lobes paliformes et mesurent l’épaisseur du synapticule, ce réseau serré entre les septes, qui évolue avec l’âge du corail. Ils complètent leurs observations visuelles par les dimensions des diamètres extérieur et intérieur des corallites.
6.1.2. Corallites radiaux
Les corallites radiaux sont situés en périphérie des corallites axiaux, souvent sur les côtés des branches mais aussi parfois sur les surfaces encroûtées. Leur apparence est souvent bien reproduite mais leur dimorphisme sur une même branche ou leur ressemblance aux corallites axiaux (comme sur les colonies branchues hispides) rend parfois l’exercice difficile. Les scientifiques effectuent là aussi des observations dimensionnelles (longueur moyenne, diamètres extérieur et intérieur). Contrairement aux corallites axiaux, les formes sont variées. Pour uniformiser les descriptions, la biologiste Carden Wallace a imaginé plusieurs termes, issus de la botanique et suffisamment imagés pour les reprendre à notre compte.
Termes relatifs à la forme du corallite
- Tubulaire (tubular) : en forme de tube.
- Complet ou incomplet.
- Cochleariforme (cochleariform) : en forme de cuiller.
- Nariforme (nariform) : en forme de narine.
- Labial (labellate) : en forme de lèvre.
- Conique (conical) : la base est plus large que l’extrémité.
- Arrondi (rounded ) : en forme de baril.
Termes relatifs à l’angle par rapport à la paroi principale
- Apprimé (appressed) : le bord interne du corallite est incliné, appliqué conte la branche mais non soudé.
- Perpendiculaire : le corallite forme un angle de 90° avec la paroi.
- Émergé (sub immersed) : le corallite se développe au dessus de la surface de la branche.
- Immergé (immersed) : le corallite se développe au niveau de la surface de la branche.
Termes relatifs à la forme de l’ouverture
- Biseautée (oblique) : l’ouverture est biseautée.
- Circulaire (rounded) : vue de bout, l’ouverture est arrondie.
- Ovale (elongate) : vue de bout, l’ouverture est ovale.
- Incomplète (dimidiate) : ouverture incomplète, une petite excroissance du squelette s’étend vers l’extérieur.
- En torche (flaring lip) : en forme de flamme.
- Droite (straight lip) : perpendiculaire à l’axe du corallite.
figrangee
6.2. Structure du coenosteum
L’observation microscopique de cette zone squelettique située sous le tissu vivant, entre les polypes, dévoile une telle diversité que les scientifiques l’associent aux autres caractéristiques du squelette pour parfaire l’identification.
Le coenosteum peut être tout à fait uniforme, souvent constitué de côtes radiales (A, B), plus ou moins parallèles, dans le prolongement des septes.
Les crêtes des côtes sont parfois lisses ou plus ou moins dentelées (B, C), avec proéminence de petites aiguilles, les spinules (E, F) qui prennent parfois l’apparence de dents acérées, simples (H, I, J ), fourchues (K) et plus ou moins globuleuses (L à Q), avec parfois une organisation méandroïde (R).
La structure est le plus souvent régulière, notamment en présence de côtes simples ou lorsque le réseau est réticulé, mais elle peut aussi varier de façon progressive entre les corallites axiaux et radiaux d’un même spécimen.
Le "coenosteum" est le terme généralement employé mais il définit plus particulièrement un réseau poreux uniforme semblable à une éponge, dit "réticulé" (G) (Duncanopsammia). Il prend le nom de "sterome" quand il a l’aspect lisse d’une coquille de porcelaine (Euphyllidae, Meandrinidae). Le "dissipement" forme un feuilletage fin et "l’épithèque", non recouvert par les tissus vivants, se présente en une couche translucide (Trachyphyllia).
7. Identification
7.1. Données complémentaires
Les informations collectées peuvent être complétées par d’autres obtenues dans des ouvrages. Il faut cependant les exploiter avec discernement. Les espèces faiblement représentées ne sont pas pour autant à considérer comme rares. S’il existe bien des espèces endémiques des Caraïbes, de Hawaï ou de la Mer Rouge, les noms évoquant une origine géographique (Montipora australiensis) comme lieu de découverte ne signifient pas que l’espèce est localisée à l’endroit ; la multiplication des lieux de collecte permet de trouver fréquemment des espèces supposées rares, ou d’autres en dehors de leur zone attribuée. Les données concernant la profondeur de l’habitat sont plus exploitables, à condition toutefois que l’importateur fasse suivre l’information, les commentaires sur les tentacules courts ou proéminents n’étant pas forcément représentatifs de ce que l’on peut observer dans le milieu captif. Il vaut mieux avoir une confiance toute relative aux noms attribués lors des imports, et la démarche qui consiste à conduire sa propre analyse, même si elle n’aboutit pas à 100% de certitude, reste plus sûre.
7.2. Regroupement des données
On a pu le constater, l’observation des coraux depuis leur milieu naturel jusqu’au laboratoire fournit une mine d’informations. Pour nous faciliter le travail, Carden Wallace et John Veron ont procédé à des regroupements d’espèces similaires sur plusieurs familles de scléractiniaires.
Concernant
les Acroporidae, Veron a établi 38 catégories regroupées par morphologie, Wallace s’en est tenu à une liste de 20 regroupées génétiquement. Personnellement, dans le cadre d’une analyse de formes, je préfère la classification de Veron. On trouvera ci après les deux approches. Les résultats de nos analyses en poche, il nous sera plus facile de retrouver notre spécimen dans ces sous-groupes en consultant leurs ouvrages détaillés.
Groupe | Exemple | Particularités |
---|---|---|
A. rudis A. variolosa A. austera A. hemprichii |
A. rudis – J. Veron Coral ID |
Formes : subarborescentes, larges, ramifications simples, irrégulières Branches : épaisses, simples Corallites radiaux : tubulaires arrondis, réguliers, murs épais parfois gonflés, calices relativement petits Corallites axiaux : grands, les synapticules nombreux contribuent à l’épaisseur de la branche Coenosteum : nombreux spinules Habitat : espace subtidal Localisation : Océan Indien et Mer Rouge, à l’exception de A. austera Notes : A. austera est la seule espèce susceptible d’être commercialisée |
A. humilis A. globiceps A. gemmifera A. monticulosa A. samoensis A. digitifera A. multiacuta A. retusa |
A. humilis – zoo2.zool |
Formes : corymbiformes ou digités Branches : robustes coniques ou cylindriques Corallites radiaux : courts, épais, tubulaires, incomplets, nariformes, denses, uniforme et souvent apprimés Corallites axiaux : grands, les synapticules denses contribuent grandement à l’épaisseur des branches Coenosteum : réticulé ou réticulé avec côtes et spinules latéraux aplatis, aigus, ou en lames irrégulières Habitat : soumis aux courants forts au sommet de l’espace interdital, communs sur les platiers Localisation : Indo-pacifique élargi |
A. nasuta A. cerealis A. valida A. arabensis A. Secale A. lutkeni A. kimbeensis |
A. nasuta – Wikipedia |
Formes : corymbiformes Corallites radiaux : nariformes ou tubulaires, de tailles égales ou de deux tailles. Ils constituent l’essentiel de l’épaisseur de la branche Coenosteum : réticulé avec spinules simples ou parfois alignés ou regroupés pour former des côtes Habitat : espace peu profond, subtidal Localisation : Indo-pacifique |
A. divaricata A. solitaryensis A. kosurini A. hoesksemai A. clathrata |
A. divaricata : zoo2.zool |
Formes : toujours caractéristiques avec scellement central ou latéral, souvent symétriques Corallites radiaux : ronds, souvent espacés, obliques, nariformes ou à ouverture incomplète, à murs épais ils contribuent à l’épaisseur de la branche. Les formes et tailles sont nombreuses au sein de la colonie Coenosteum : réticulé avec fourches ou spinules simples, très dense ou en côtes selon l’habitat Habitat : souvent profond Notes : les espèces A .clathrata, A. divaricata et A. solitaryensis fréquemment importées sont supposées très différentes du fait de leur formes. Ce n’est pas le cas, elles sont laminaires, tabulaires ou finement ramifiées, cespiteuses, arborescentes avec un point de fixation. Les petites colonies ont des forme similaires |
A. lovelli A. bushyensis A. glauca |
A. glauca – zoo2.zool |
Formes : variées Corallites radiaux : apprimés, arrondis, tubulaires, de taille égale Coenosteum : réticulé avec spinules simples, alignés ou en côtes Habitat : fréquent mais limité aux eaux peu profondes des récifs frangeants Localisation : zones étendues mais localisées Notes : En terme de morphologie, il s’agit d’un groupe à part, "fourre-tout" |
A. verweyi | A. verweyi – zoo2.zool |
Formes : digitées ou caespito-corymboformes Branches : elles font de 5 à 10 mm de diamètre, et jusqu’à 100 mm de long Buissonnant souvent avec un sommet plat. Couleur crème à brun, parfois avec corallites axiaux orangés Corallites radiaux : uniformément répartis, de tailles et de formes régulière, apprimés tubulaires à grandes ouvertures rondes en torche. On distingue deux séries de septes (3/4 R primaire à 1/3 R secondaires) Corallites axiaux : diamètre de 2,8 à 3,5 mm extérieur et de 0.8 à 1.1 mm intérieur, avec deux cycles de septes (3/4 R primaires et 1/3R secondaires) avec parfois présence d’un cycle tertiaire Coenosteum : réticulé uniforme avec sub-côtes simples ou spinules aplatis latéralement Habitat : occupe les les espaces entre les autres Acropora, exclusivement dans les faibles profondeurs Localisation : Indo-Pacifique élargi, Océan Indien |
A. cervicornis A. palmata A. prolifera |
A. cervicornis – Academic DAE |
Formes : très variables à l’origine des différences entre les espèces de ce groupe. En dépit des formes des colonies, radicalement différentes, les caractéristiques des corallites et du coenosteum sont très semblables Corallites radiaux : de taille régulière, tubo-nariforme, plus ou moins tubulaires ou nariformes Coenosteum : réticulé entre les corallites radiaux et en côtes sur ces corallites, avec des spinules aplatis latéralement, plus ou moins alignés en côtes Localisation : Les espèces de ce groupe sont les seules situées exclusivement dans l’Océan Atlantique |
A. muricata A. formosa* A. grandis A. acuminata, A. valenciennesi A. pharaonsis |
A. formosa – zoo2.zool |
Formes : arborescentes poreuses ou en tables arborescentes Branches : grosses, robustes Corallites radiaux : tubulaires à ouvertures variées, régulièrement espacés, de taille variable qui contribuent à part égale à l’épaisseur de la branche avec les corallites axiaux Corallites axiaux : parfois épais et contribuent à former des branches lourdes et robuste Coenosteum : réticulé uniforme avec spinules simples assez réguliers Habitat : espace assez étendu Localisation : dépend des espèces * Selon C. Wallace, A. formosa et A. muricata sont identiques |
A. robusta A. abrotanoides A. palmerae A. intermedia A. polystoma A. downingi A. listeri A. sukarnoi |
A. robusta – J. Veron Coral ID |
Formes : variables, subarborescentes, corymbiformes, digitées Branches : simples robustes Corallites radiaux : dimorphes, longs, tubulaires avec ouvertures incomplète et sub-immergés Corallites axiaux : contribuent à l’épaisseur des branche Coenosteum : réticulé entre les corallites radiaux, côtes sur les corallites radiaux Habitat : peu profond, eaux mouvementées, sauf A. intermedia qui couvre une zone plus vaste Localisation : dépend des espèces |
A. togianensis | A. togianensis – J. Veron Coral ID |
Formes : Buissons, similaires à Montipora spp Branches : épaisses, cylindriques, divergent depuis une base solide Corallites axiaux : en dôme Corallites radiaux : petits, immergés Coenosteum : similaire à Montipora spp avec spinules |
A. selago A. tenuis A. eurystoma A. striata A. donei A. yongei A. loisetteae A. dendrum |
A. selago – Ultimatereef |
Formes : variables, corymbiformes, tables corymbiformes, arborescentes, hispides… Corallites radiaux : cochleariformes avec évasement labiaux, taille régulière Coenosteum : réticulé avec spinules simple, côtes sur les corallites radiaux Habitat : variable, en général dans les zones protégées |
A. aspera A. pulchra A. millepora A. spathulata A. spicifera A. papillare A. roseni |
A. aspera – Coralscience |
Formes : corymbiformes ou arborescentes Corallites radiaux : labiaux sans lèvre supérieure et lèvre inférieure en torche Coenosteum : ouvert, simple, avec quelques spinules simples, côtes sur les corallites radiaux Habitat : eau peu profonde, platiers, lagunes peu profondes ou pentes douces Notes : le degré de développement des lèvres permet de différencier les espèces de ce groupe. Il existe des hybridations et les différences génétiques sont faibles, ce qui rend difficile les différenciations.. |
A. florida A. sarmentosa |
A. florida – J. Veron Coral ID |
Formes : forme hispides robustes Branches : Petites branches autour de la grosse branche principale Corallites radiaux : uniformes, apprimés tubulaires, lèvres épaisses, murs bas, ouvertures circulaire. Ils s contribuent à parts égales avec les corallites axiaux à l’épaisseur de la branche Coenosteum : réticulé avec peu de spinules entre les corallites radiaux, côtes ou réticulo- côtes sur les corallites radiaux Habitat : varié Localisation : Indo-Pacifique à l’exception du pacifique centre |
A. hyacinthus A. tanegashimensis A. anthocercis A. cytherea A. microclados A. paniculata A. indonesia |
A. hyacintus – Zubi 06 |
Formes : tabulaires ou laminaires, à pied central ou déporté, épais à la base Branches : Formations horizontales de branches anastomosées avec de courts et fins rameaux verticaux. Les formes juvéniles sont digitées Corallites radiaux : de taille identique, labiaux, sans lèvre supérieure, lèvre inférieure à mur rectangulaire Coenosteum : réticulé avec spinules simples entre les corallites radiaux, côtes sur les corallites radiaux Habitat : la plupart des zonations récifales, mais souvent peu profond. Localisation : dépend des espèces |
A. latistella A. subulata A. nana A. aiguillon |
A. latistella – Academic DAE |
Formes : corymbiformes, laminaires ou tabulaires selon la profondeur Branches : grêles Corallites radiaux : taille régulière, apprimés, tubulaires, ouvertures rondes, contribuent à part égale avec les axiaux au diamètre de la branche, l’espacement varie avec la profondeur Coenosteum : réticulé uniforme, spinules simple entre les corallites radiaux bien espacés , réticulé à réticulo-côtes sur les corallites radiaux Habitat : réparti sur toute la profondeur |
A. horrida A. vaughani A. tortuosa A. abrolhosensis A. microphthalma A. kirstyae A. derawanensis A. halmaherae |
A. horrida – J. Veron Coral ID |
Formes : indéterminées, très variables même au sein d’une colonie Corallites radiaux : taille uniforme, tubulaires simples à ouvertures rondes Coenosteum : spinules simples à complexes, coenosteum parfois fondu, réticulé avec côtes entre et sur les corallites radiaux Habitat : variable, généralement zones protégés à faibles courants Localisation : variable |
A. plumosa | A. plumosa – Poppes images |
Formes : arborescentes irrégulières, en tables plates ou vrillées Branches : de 3 à 15 mm de diamètre, jusqu’à 50 mm de long. Les rameaux horizontaux de 3 à 4 mm de diamètre sont parfois anastomosés. Les tables peuvent être indépendantes, ouvertes, en formant plusieurs niveaux. La couleur varie du crème au brun avec une tendance jaune Corallites axiaux : de diamètre 1,2 à 2,1 mm extérieur et 0,6 à 1,2 intérieur. Les septes primaires représentent les 2/3 du rayon, sans cycle secondaire ou peu développé Corallites radiaux : réguliers, ne se touchent pas, tubulaires, ronds à ouvertures ovales ou incomplètes. Les septes primaires représente 1/4 du rayon, sans cycle secondaire ou peu développé Coenosteum : réticulé à costo réticulé sur les branches radiales, avec spinules aplatis latéralement. Réticulé entre les branches radiales avec des spinules aplatis latéralement et parfois alignés Habitat : pentes de profondeur et les murs en dessous de 40 pieds Localisation : Indonésie et Papouasie exclusivement |
A. elegans A. pichoni A. tenella A. walindii A. cardenae A. torihalimeda A. russelli |
A. elegans – J. Veron Coral ID |
Formes : branches sont majoritairement horizontales avec rameaux aplatis Corallites radiaux : uniformément répartis, tubulaires ou apprimés tubulaire. La plupart des espèces sont réticulées selon des lignes ou des côtes rapprochées avec formation de spinules Coenosteum : modéré à dense avec formation de spinules Habitat : eaux profondes calmes, fréquemment en dessous de 60 m Localisation : Indonésie ou Australie, selon les espèces |
A. loripes A. squarrosa A. chesterfieldensis A. willisae A. lokani A. granulosa A. speciosa A. suharsonoi A. caroliniana A. desalwii A. jacquelineae A. simplex |
A. awi – Boxaqua |
Formes : diverses, hispides ou corymbiformes selon l’embranchement secondaire Corallites radiaux : uniformément répartis, arrondis, apprimés, tubulaires. Certaines branches peuvent ne pas présenter de développements radiaux. Aspect essentiellement réticulé, mais certaines espèces développent des côtes Corallites axiaux : proéminents, ils constituent l’essentiel des branches Coenosteum : forte densité de spinules Habitat : souvent profond ou à l’abri des pentes récifales Localisation : varie selon les espèces, mais la plupart sont issus d’Indonésie |
A. echinata A. batunai A. subglabra A. Carduus A. awi A. elseyi A. longicyathus A. turaki |
A. echinata – J. Veron Coral ID |
Formes : Colonies hispides très développées Branches : des rameaux secondaires sont régulièrement répartis autour des branches primaires Corallites radiaux : clairsemés de taille uniforme, en forme de poche, apprimés tubulaires Corallites axiaux : proéminents, ils constituent l’essentiel de la colonie. Les colonies ont de nombreux corallites axiaux et quelques radiaux, certains corallites axiaux sont souvent confondus avec des radiaux Coenosteum : uniforme avec des côtes ou des lignes simples ou présentant quelques spinules Habitat : Espaces protégés (lagunes, pentes profondes, baies abritées), souvent sur de grandes étendues, mélangé à d’autres espèces Localisation : variable selon les espèces, sur des zones parfois restreintes, parfois étendues, mais centré autour de l’Indonésie |
Isopora A. palifera A. cuneata A. crateriformis A. brueggemanni A. palmata (Caraïbes) |
A. palifera – Arkive |
Formes : épais Branches : souvent cunéiformes (sauf A.brueggemanni qui est arborescent) Corallites radiaux : absents sauf chez A. brueggemanni Corallites axiaux : multiples Coenosteum : dense, selon une organisation méandroïde, présence de spinules sur et entre les corallites axiaux Habitat : variable Localisation : variable |
Groupe | Exemple | Particularités |
---|---|---|
Groupe 1 A. cuneata A. palifera A. elizabethensis A. crateriformis |
A. palifera – Aktive |
Formes : tables solides et colonnes Corallites axiaux : sans corallites axiaux distinctifs Les groupes 1, 2 et certaines espèces du groupes 3, sont différents structurellement du fait de leur coenosteum composé de fins spinules dentelés. Ces groupes d’Acropora forment le sous-genre Isopora |
Groupe 2 A. togianensis A. cylindrica |
A. cylindrica – J. Veron Coral ID |
Formes : bouquets Branches : tubulaires Corallites radiaux : immergés |
Groupe 3 A. hemprichii A. schmitti A. variolosa A. brueggmanni A. scherzeriana |
A. hemprichii – J. Veron Coral ID |
Formes : bouquets et buissons Branches : irrégulières Corallites radiaux : proéminents |
Groupe 4 A. rudis |
A. rudis – J. Veron Coral ID |
Formes : subarborescentes, Branches : en forme de cornes de buffle |
Groupe 5 A. palmata |
A. palmata – D. Evans |
Formes : subarborescentes, plus ou moins prostrées Branches : en forme de cornes d’élan |
Groupe 6 A. formosa A. cervicornis A. grandis A. teres |
A. formosa –zoo2.zool |
Formes : arborescentes, parfois prostrées Branches : en forme de grandes cornes de cerfs Habitat : Les deux espèces A. formosa et A. grandis se rencontrent fréquemment ensemble avec des espèces en cornes de cerf plus petites (groupe 12) et A. nobilis. Ces espèces sont difficiles à discerner sans une analyse attentive des détails, mais facilement sous l’eau avec de l’expérience |
Groupe 7 A. minuta A. palmerae A. pinguis A. irregularis A. robusta A. roseni A. abrotanoides A. nobilis |
A. minuta – J. Veron Coral ID |
Formes : grands encroûtements Branches : présence fréquente de grosses branches horizontales ou verticales Corallites radiaux : semblables à des dents de râpe |
Groupe 8 A. indonesia A. hoeksemai A. valenciennesi A. donei A. acuminata A. kosurini |
A. acuminata – zoo2.zool |
Formes : coussins plus ou moins tabulaires pouvant occuper de grands diamètres Branches : grandes, horizontales et aux extrémités incurvées vers le haut |
Groupe 9 A. stoddarti A. solitaryensis A. natalensis A. divaricata |
A. solitaryensis – J. Veron Coral ID |
Formes : en plateaux plats et parfois en coussins Branches : anastomosées à la base Corallites radiaux : à bords tranchants |
Groupe 10 A. glauca A. branchi A. orbicularis |
A. glauca – zoo2.zool |
Formes : tables solides Branches : anastomosées à la base Corallites radiaux : arrondis |
Groupe 11 A. wallacea A. lovelli A. florida A. austera A. forskali A. lutkeni A. seriata |
A. florida – J. Veron Coral ID |
Formes : buissonnantes, arborescentes, parfois prostrées Branches : souvent grandes, en cornes de cerf, avec de nombreux rameaux perpendiculaires courtes, très visibles. Les branches fusionnent parfois Corallites radiaux : lisses à murs épais et ouvertures circulaires lisses, arrondies |
Groupe 12 A. abrolhosensis A. microphtalma A. copiosa |
A. microphtalma – J. Veron Coral ID |
Formes : arborescentes ou buissonnantes, couvrant de grandes étendues Branches : plutôt petites, en cornes de cerf Habitat : cohabitent avec des espèces plus grandes en cornes de cerf comme A. pulchra et A. nobilis Beaucoup d’espèces sont petites, en cornes de cerf, mais sont placées dans d’autres groupes du fait de caractéristiques distinctives. |
Groupe 13 A. prolifer A. yongei A. haimei A. pectinatus |
A. yongei – J. Veron Coral ID |
Formes : buissons denses Branches : de taille moyenne Corallites radiaux : à bords tranchants |
Groupe 14 A. tortuosa A. horrida A. vaughani A. rufus |
A. vaughani – zoo2.zool |
Formes : buissonnantes, parfois prostrées Branches : moyennes Corallites radiaux : à bords irréguliers |
Groupe 15 A. pruinosa A. tumida A. striata A. akajimensis A. parahemprichii A. sekiseinsis |
A. tumida – J. Veron Coral ID |
Formes : buissons compacts, denses, couvrant de grands espaces Branches : moyennes soudées |
Groupe 16 A. tizardi A. proximalis A. meridiana A. inermis |
A. proximalis – J. Veron Coral ID |
Formes : en touffes et buissons compacts plus ou moins denses Branches : fines, soudées, entremêlées, plutôt dirigées vers la surface |
Groupe 17 A. elegans A. simplex A. tenella A. pichoni A. walindii |
A. pichoni – J. Veron Coral ID |
Formes : grandes tables plates, horizontales Branches: plates Corallites radiaux : positionnés sur les côtés des branches Habitat : eaux relativement profondes à l’abri de l’action des vagues |
Groupe 18 A. plumosa A. tutuilensis A. clathrata A. downingi A. pharaonis A. efflorescens |
A. efflorescens – Rui Ferreira |
Formes : tables horizontales Branches : horizontales robustes, anastomosées à leur base ou entre elles |
Groupe 19 A. rambleri A. cytherea A. plana A. bifurcata A. hyacinthus A. spicifera A. tanegashimensis |
A. rambleri – J. Veron Coral ID |
Formes : tables plutôt fines Branches : horizontales et fines. Le réseau est poreux dans les zones calmes, dense et anastomosé dans les endroits exposés |
Groupe 20 A. byshyensis A. ocellata A. chesterfieldensis A. arabensis |
A. chesterfieldensis – J. Veron Coral ID |
Formes : touffes digitées Branches : cylindriques, plutôt effilées et orientées vers la surface Corallites radiaux : distinctifs |
Groupe 21 A. torresiana A. globiceps A. humilis A. monticulosa A. retusa A. samoensis A. gemmifera |
A. gemmifera – J. Macieira |
Formes : touffes digitées plus ou moins plates Branches : digitées, plutôt épaisses et courtes notamment près de la surface Ces espèces sont en général exposées aux vagues dont l’action atténue les différences morphologiques. Pour cette raison et aussi parceque les variations géographiques abondent, certaines espèces sont difficiles à déterminer. |
Groupe 22 A. sarmentosa A. dendrum A. digitifera A. japonica |
A. digitifera – G. Paulay |
Formes : tables digitées ou parfois, coussins corymbiformes Branches : digitées courtes |
Groupe 23 A. fastigata A. multiacuta A. suharsonoi |
A. suharsonoi – Stefano66 |
Formes : petites touffes irrégulières ou bouquets corymbiformes Corallites axiaux : particulièrement longs et effilés Habitat : zones calmes ou bas de pentes récifales |
Groupe 24 A. listeri A. polystoma A. massawensis |
A. polystoma – J. Veron Coral ID |
Formes : touffes irrégulières ou bouquets corymbiformes Branches : digitées, plutôt effilées, de forme et de taille régulière Corallites radiaux : particulièrement épineux |
Groupe 25 A. convexa A. prostrata A. millepora |
A. millepora – zoo2.zool |
Formes : coussins et buissons corymbiformes Branches : régulières, allongées Corallites radiaux : en forme d’échelle |
Groupe 26 A. aspera A. pulchra A. papillare A. loisettae |
A. pulchra – E. DiDonato |
Formes : branchues, arborescentes ou en touffes corymbiformes Branches : longueurs très variables, souvent anastomosées à leur base Corallites radiaux : en forme d’échelle |
Groupe 27 A. mirabilis A. latistella A. subulata A. kimbeensis A. nana A. azurea |
A. nana – D. Tournassat |
Formes : tables ou bouquets corymbiformes Branches : présence de rameaux plus ou moins réguliers, droits ou incurvés Corallites radiaux : apprimés |
Groupe 28 A. aculeus A. elegantula |
A. aculeus – ne.jp |
Formes : touffes corymbiformes Branches : fines, horizontales, divergentes avec de fins rameaux verticaux Corallites radiaux : petits et apprimés |
Groupe 29 A. vermiculata A. tenuis A. selago A. insignis |
A. tenuis – aquamuseum.net |
Formes : touffes ou coussins corymbiformes Branches : fines Corallites radiaux : à lèvre en torche |
Groupe 30 A. willisae A. parapharaonis A. anthocercis A. desalwii A. batunai A. microclados A. macrostoma A. lamarcki |
A. polystoma – J. Veron Coral ID |
Formes : tables corymbiformes, parfois encroûtantes Branches: courtes et denses, prostrées avec rameaux verticaux au centre et prostrées sur l’extérieur Corallites radiaux : variés |
Groupe 31 A. paniculata A. lokani A. caroliniana A. granulosa A. jacquelinae |
A. granulosa – D. Tournassat |
Formes : buissons ou tables corymbiformes Branches : horizontales robustes et rameaux verticaux ou incurvés Corallites axiaux : longs corallites axiaux tubulaires |
Groupe 32 A. verweyi A. loripes A. squarrosa A. plantaginea A. maryae A. rosaria |
A. verweyi – zoo2.zool |
Formes : assez variées, en coussins, en tables épaisses ou buissons cespiteux ou corymbiformes Branches : plutôt courtes et compactes avec de nombreux rameaux Corallites radiaux : remarquablement arrondis, plutôt courts en formes de poches, perles ou barils |
Groupe 33 A. cophodactyla A. apressa A. secale |
A. secale – J. Veron Coral ID |
Formes : buissons cespiteux ou corymbiformes Branches : coniques formées par les corallites axiaux nettement visibles Corallites radiaux : irréguliers aux bords lisses |
Groupe 34 A. nasuta A. cerealis |
A. cerealis – zoo2.zool |
Formes : buissons corymbiformes ou cespiteux Branches : Les branches principales portent des rameaux coniques allongés et sont parfois soudées Corallites radiaux : aux bords acérés |
Groupe 35 A. valida A. variabilis A. lianae |
A. valida – J. Veron – Coral ID |
Formes : variée, souvent en buissons compacts mais aussi en tables Branches : irrégulières ou digitées Corallites radiaux : apprimés |
Groupe 36 A. gomezi A. kirstyae A. parilis A. exquisita |
A. gomezi – D. Tournassat |
Formes : buissons en touffes arborescentes ou en bouquets cespiteux Branches: fines, droites, orientées vers le haut avec de nombreux rameaux relativement perpendiculaires aux branches principales Corallites radiaux : très proéminents et souvent tubulaires |
Groupe 37 A. derawanensis A. fenneri A. filiformis A. cardenae A. russelli A. torihalimeda |
A. filiformis – J. Veron Coral ID |
Formes : buissonnantes en touffes entremêlées Branches : fines, frêles, de diamètre régulier, très entremêlées, plutôt dirigées vers le haut mais parfois prostrées. Les rameaux sont nombreux et irréguliers Corallites radiaux : fins |
Groupe 38 A. awi A. speciosa A. echinata A. subglabra A. turaki A. longicyathus A. navini A. carduus A. elseyi |
A. awi – Vinoos |
Formes : Buissons isolés en touffes subarborescentes ou en coussins Branches : hispides en forme de goupillons. Les nombreux rameaux, se développent assez régulièrement en formant parfois des bouquets aux extrémités des branches Corallites radiaux : ils s’intercalent avec des corallites axiaux naissants, de forme similaire, assez tubulaires, plus ou moins longs à ouvertures circulaires |
8. Bases d’informations
8.1. Bases de données
Quelques laboratoires, dont celui de l’Australian Institute of Marine Science (AIMS) et le Museum of Tropical Queensland (MTQ) ont ainsi répertorié quelques dizaines de critères. Les milliers de caractéristiques qui en découlent, sont enregistrées dans des bases de données. Celle de Worldwide Acropora Database (WWAD) du MTQ (ci contre) définit pour chaque acropora 11 caractères notés de 0 à 3. Les critères de sélection de la base de données permettent de cerner rapidement l’espèce recherchée ou les espèces proches.
Malheureusement pour nous, ces bases plutôt destinées aux professionnels, ne sont pas gratuites. Il existe cependant sur le web, des outils intéressants libres d’accès :
Coralsea Key to the Acropora, une mini-base ludique et accessible à tous.
Coral Identification Key, une base qui fait appel à la terminologie ci dessus.
Identifier un Scléractiniaire jusqu’au genre.
Identification des Acropora, l’arborescence du site "Recif du vendredi" est malheureusement inachevée.
8.2. Littérature
Quelques ouvrages de référence détaillent les caractéristiques des espèces avec des fiches descriptives souvent très complètes :
Corals of the world vol 1, 2, 3 – John Veron (2000).
Staghorn corals of the world – Carden Wallace.
Base de connaissances sur le coraux des Mascareignes – Université de La Réunion – mai 2008.
The IUCN Red List of Threatened Species International Union for Conservation of Nature and Natural Resources
8.3. Sites Internet pour l’identification
A défaut, on pourra se baser sur quelques sites d’identification. Leur approche moins scientifique et leur mode d’identification par l’image ne sont pas d’une fiabilité absolue. On évitera les sites à connotation commerciale.
Parmi mes préférés :
Corals of the world online L’incontournable base d’identification remise en ligne en 2011 par AIMS
The Coral Library
Coralpedia,
Reeflex,
Doris FFESSM,
Recif France Database,
Ultimate reef,
CoralReef.no SPS-koraller.
Le corail étant mieux identifié, nous pourrons lui associer l’habitat le plus adapté en se reportant aux fiches descriptives des ouvrage, aux sites de référence qui détaillent les conditions de maintenance et aux forums riches de l’expérience de récifalistes amateurs avertis.
En savoir plus
Staghorn corals of the world. A Revision of the Coral Genus Acroporad – Carden Wallace – CSIRO, Collingwood – National library of Australia (1999)
Corals of the world vol 1, 2, 3 Jen Veron (2000) – Australian Institute of Marine Science
Coral Identification Workshop Forestal’s Birding Page
Coral identification Geological Oceanography Program
Coral Identification Key Neogene Marine Biota of Tropical America
Milne Bay Province , Papua New Guinea – Pierre MADL, Maricela YIP – University of Salzburg (2000)
Tropical Marine Biology II, Classification of Scleractinian (Stony) Corals – dr. K. Kleemann – University of Vienna (2001)
Taxonomy in the Reef Aquarium: A Simplified Guide to Basic Level Identification – Eric Borneman – Reefkeeping 2002-05
Identification des Acropora Recif du vendredi
Physiopathologie des Coraux – Julien Vimal Thèse UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD – LYON I (2007)
Programme National Récifs Coralliens – André INTES et Alain SOURNIA – ORSTOM (1997)
Biomineralisation in reef-building corals – Centre scientifique de Mona
Coral bleaching under thermal stress: putative involvement of host/symbiont recognition mechanisms. BMC Physiol. 9, 14 – Vidal-Dupiol, J., Adjeroud, M., Roger, E., Foure, L., Duval, D., Mone, Y., Ferrier-Pages, C., Tambutte, E., Tambutte, S., Zoccola, D. et al. (2009).
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