Le microscope s’avère indispensable pour identifier certains problèmes en aquariophilie récifale, liés à des microorganismes. L’offre est importante, pour des usages très différents. Cet article propose d’inventorier les besoins pour déterminer les critères du modèle correspondant au besoin du récifaliste.
1. Identifier quels organismes ?
Le microcosme est un outil essentiel pour observer le microcosme peu ou invisible à l’œil, ou identifier des organismes plus précisémment dans le cadre d’une résolution de problème. Les organismes en question reviennent de manière récurrente. On peut citer :
- Les dinoflagellés : Le plus souvent le premier achat fait suite à l’apparition de dinoflagellés. En effet la lutte contre cet envahisseur impose une parfaite identification du genre avant d’engager des actions appropriées. Leur taille est de l’ordre de 5 à 40 µm pour les plus fréquents.
- Les diatomées : parfois confondues avec les dinoflagellés, une identification permettra là encore d’engager des actions appropriées.
- Les protozoaires : ils sont souvent impliqués dans les stress des coraux pouvant conduire à des nécroses, voire des nécroses rapides tissulaires (RTN) comme c’est le cas avec Philaster lucida. Mais celles-ci peuvent également être dues à d’autres causes. Le microscope détermine si le plan d’action sera biologique ou chimique.
- Le zooplancton : tel que les copépodes, les rotifères, et la méiofaune composée de mysis, amphipodes et quantité de larves (vers…).
- Le phytoplancton : pour en vérifier l’espèce et la densité des cultures.
- Les algues : le grossissement permet de mieux identifier certaines espèces.
Le microscope amateur ne permettra malheureusement pas d’identifier les bactéries à l’origine d’infections conduisant à des maladies des coraux telles que la gelée brune ou les nécroses lentes des tissus (STN).
2. Les caractéristiques du microscope
Optique ou numérique.
- Optique : Le grossissement optique exploite les propriétés physiques des lentilles en verre. La qualité de l’image perçue dépend de celles de l’optique et de la géométrie de la lentille. Il trouve sa limite avec les grossissement très importants qui nécessitent des jeux de lentilles épaisses absorbant la lumière et fournissent des images moins nettes, peu contrastées.
- Numérique : Sa précision augmente avec sa résolution (la densité des pixels) captés par une caméra. Ce faisant il crée des pixels intermédiaires restitués à l’écran. La qualité de l’image finale dépend donc aussi du calculateur intégré. Un équipement bas de gamme amplifie tous les défauts d’origine et propose une image certes grossie mais médiocre. Tandis qu’un équipement performant, plus cher, créera des pixels selon ceux environnants pour proposer une image améliorée.
- Les stéréo microscopes numériques, font ressortir les reliefs. Ne permettant pas des grossissements importants ils ne sont pas adaptés à notre usage.
L’amplification numérique d’un signal optique médiocre à la base restera décevante. L’aquariophile qui préfère dépenser son argent dans la maintenance de son aquarium trouvera satisfaction avec des modèle moins onéreux, optiques, répondant pour l’essentiel à ses besoins.
Ce qui suit ne concerne donc que les modèles optiques.
Support : le grossissement au-delà de 250X impose une stabilité que permet les microscopes à cadre métallique, rigide. Eviter les modèles en plastique.
Monoculaire ou binoculaire : les deux sont possibles pour nos usages. Le binoculaire est toutefois plus confortable pour des observations de longues durées.
Grossissement : les organismes les plus gros utilisent environ 40X. Les plus petits, de l’ordre 100X à 500X. L’observation de dinoflagellés entre 5 à 50 µm se réalise entre 100X et 400X. Des observations plus détaillées nécessiteront 600X. Un gamme de 40X à 1000X convient à notre usage. Il ne faut cependant pas attendre de la précision au delà de 800X avec des appareils premiers prix.
Fixation : les valets (clips de maintien) suffisent pour observer des organismes immobiles. Un chariot de déplacement devient indispensable pour observer à plus de 200X des organismes mobiles.
Eclairage, la lumière ambiante ne suffit pas pour obtenir un contraste nécessaire. Quoique souvent insuffisante à fort grossissement.des sources de lumière additionnelles, en général LED, sont indispensables. L’une éclaire par le dessus. Une autre doit éclairer par dessous via un verre dépoli qui améliore la détection de nos microrganismes. En présence d’un condenseur la lumière, parfois réglable, est plus homogène et sans défaut dans la surface et le plan de l’objet.
Optiques : les kits proposent en général un jeu d’oculaires 10X et 25X, un intercalaire 2X et des objectifs 4X, 10X et 40X qui répond aux besoins. Le marché propose parfois des objectifs 100X à immersion dans l’huile, inadaptés aux organismes vivants. Les grossissement s’échelonnent alors de 40 à 2000X (40X, 80X, 100X, 200X, 250X, 400X, 500X, 800X, 1000X et 2000X) étant entendu que la netteté manque au-delà de 800X avec des microscopes de début de gamme.
Captures d’images et vidéo : Il est indispensable de pouvoir figer des images à partager, et conserver des vidéos notamment pour l’identification d’organismes mobiles tels que les dinoflagellés.
- Le support de Smartphone répond à un usage occasionnel. Eviter cependant les modèles à ventouse, peu fiables au profit des supports à pinces.
- La caméra USB de résolution 3 Mégapixels, connectée à un PC, répond au besoin pour des observations plus régulières. Pour à peine plus cher, pourquoi ne pas envisager 5 MP. Les logiciels étalonnables présentent l’avantage de pouvoir mesurer et comparer les observations.
Mise au point : elle est facilitée avec les deux modes : rapide et micrométrique. Et de préférence une mise au point ambidextre, de chaque côté du microscope.
Diaphragme : à disque 6 trous avec filtres de couleurs, apporte quelques possibilités supplémentaires mais ne s’avère pas indispensable.
3. Les modèles
Tarifs
Il existe de nombreux modèles, de quelques dizaines à quelques milliers d’euros. Concentrons nous sur ceux qui répondront aux besoins de l’aquariophile, à moindre coût
Un modèle scolaire à moins de 100 €, suffit pourvu qu’il ait une netteté acceptable dans des grossissement jusqu’à 500X. Pour un peu plus de 100 €, on dispose déjà d’options qui facilitent les observations et la réalisation de vidéos. A partir de 300 € on bénéficie d’une optique un peu plus performante sans toutefois atteindre celle de modèles beaucoup plus couteux.
Quelques exemples
Ces exemples ne sont donnés qu’à titre indicatif. De nombreux fournisseurs fournissent des modèles aux caractéristiques similaires. Indépendamment des performances du microscope, l’offre pourra se démarquer avec un SAV, des accessoires, une malette bien pratique etc.
4. Comment prélever et observer un échantillon
En général on souhaite observer des organismes occupant les supports (pierres, sable, algues, vitres…).
Par exemple pour prélever dinoflagellés et diatomées :
- Prélever des amas ou dépôts, à la pipette, en divers endroits (vitre, sable, PV, pompes…) et les déposer dans un petit contenant.
- Agiter légèrement pour dissocier les amas d’algues des organismes, de manière à favoriser la pénétration de la lumière.
- Laisser reposer un peu, les organismes se concentreront au fond.
- Prélever au fond, à la pipette.
- Déposer quelques gouttes sur la lame porte objet propre.
- L’observation peut se réaliser ainsi. On peut aussi recouvrir d’une lamelle couvre objet de manière à fixer les sujets et tégulariser la couche de fluide. Alors, faire basculer la lamelle propre, en laissant échapper l’air, mais sans trop comprimer pour laisser de la mobilité aux organismes.
- Localiser à faible grossissement (40X, 100X) le lieu de visée, puis l’augmenter progressivement jusqu’à obtenir celui qui convient.
- Nettoyer lame et lamelle en fin d’observation.
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