Les Ostraciidae, ou poissons coffres, sont des poissons fascinants et atypiques, souvent convoités par les aquariophiles récifaux. Leur morphologie les distingue des autres espèces. De plus, ils arborent des couleurs vives et des motifs variés qui ajoutent à leur intérêt. Cependant, ces poissons demandent une attention particulière en captivité. Un environnement adapté, des compagnons non agressifs et une alimentation variée. Cet article en résume les grandes lignes pour ieux les connaître.
Identité
Ordre : Tetraodontiformes.
Famille : Ostraciidae (poissons-coffres)
Genres : La famille des Ostraciidae possède une dizaine de genres dont les plus connus sont les Lactoria et Ostracion.
Espèces
Parmi les espèces les plus communes en aquariophilie.
Ostracion cubicum
Autrefois nommé Ostracion cubicus, cette appellation ne respectait pas les règles taxonomiques actuelles régissant les accords grammaticaux latins. Ainsi le nouveau nom Ostracion cubicum est reconnu comme le nom valide dans les bases de données taxonomiques (ex. WoRMS).
Distribution géographique : Indo-Pacifique; Nouvelle-Zélande, jusqu’à Hawaï, Afrique orientale, Mer rouge, Afrique du Sud jusque dans l’Atlantique
Taille adulte : 45 cm.
Couleurs communes, formes : Les juvéniles sont jaune lumineux et couverts de points noirs et développent des anneaux blancs en grandissant. La coloration devient jaune pâle, jusqu’à devenir gris bleu. Les vieux spécimens peuvent développer une bosse saillante au-dessus de leur lèvre supérieure.
Particularités : parmi les plus commun dans le commerce.
Ostracion meleagris
Nom commun français : poisson-coffre pintade, poisson-coffre noir ou à taches blanches.
Distribution géographique : Indopacifique, Japon,
Taille adulte : 15 cm
Couleurs communes, formes : les couleurs varient selon le sexe. Les mâles sont bleu à taches latérales et points orange et le dos noir ponctué de blanc. Les juvéniles et les femelles sont noires à points blancs.
Particularités : parmi les plus petits des poissons-coffres.
Lactoria cornuta
Nom commun français : Poisson-Vache à longues cornes
Distribution géographique : Indo-Pacifique, Mer rouge, Afrique orientale.
Taille adulte : 40 cm.
Couleurs communes, formes : L. cornuta possède 2 paires de cornes souvent plus petites en captivité. Pas de livrée juvénile, pas de dimorphisme sexuel. Selon le régime, l’âge, l’éclairage, la qualité de l’eau, et l’humeur la coloration varie de jaune pâle ou foncé jusqu’à l’olive avec des points blancs ou bleus.
Particularités : La forme, le comportement de ce poisson attendrissant a la faveur de nombreux aquariophiles.
Ostracion cyanurus
Nom commun français : Poisson-coffre bleu
Distribution géographique : Mer Rouge
Taille adulte : 25 cm.
Couleurs communes, formes : Les mâles sont magnifiquement ponctués de petites taches noires sur les flancs bleu ciel (d’où son nom de cyanurus). Le juvénile est jaune. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel.
Particularités :
Description
Dans la littérature, on cite souvent les ostracionidés en se référant, parfois par erreur, au seul genre Ostracion. Dans cet article, j’évoquerai la famille entière des ostracidés, puisque les observations sur les espèces qui la composent sont similaires.
Les Ostraciidae, dont le nom vient du grec « ostracum » qui signifie "coquille", ont des formes anguleuses à tendance cubique. Ils se caractérisent par la présence sous la peau, de plaques osseuses rigides qui constituent un moyen de défense contre leurs prédateurs. Les ouïes sont de simples fentes sans opercule, qui les rendent plus sensibles aux parasites branchiaux. Leurs dents sont soudées en une très solide plaque dentaire. Comme les balistes, les yeux sphériques se meuvent indépendamment l’un de l’autre. Les petites nageoires latérales donnent aux poissons-coffres l’impression particulière de flotter et glisser dans l’eau.
Les Ostraciidae dont la taille peut atteindre 50 cm sont souvent vendus très petits et grandissent rapidement jusqu’à 25 – 30 cm en captivité
Comportement et maintenance
Surgissant du décor, comme par magie et de surcroît peu farouches, ils s’offrent à la vue comme des petits paquets cadeaux et sont toujours très appréciés des aquariophiles.
Les Ostraciidae occupent les lagunes, les prairies d’algues et les récifs jusque dans la zone des 35m de profondeur. Les jeunes forment de petits groupes, mais les adultes deviennent solitaires. Ils sont calmes peu rapides mais très mobiles et capables de tourner sur eux-mêmes. Ils nagent en pleine eau et se propulsent par mouvements ondulatoires des nageoires dorsale et anale, la caudale servant de gouvernail.
Lorsqu’ils sont effrayés stressés ou malades, ils sont capables de sécréter par la peau une substance chimique toxique, l’ostracitoxine, un autre moyen de repousser les prédateurs.
Pour éviter les dégagements de toxine, il faut porter une attention particulière lors des transferts et durant l’acclimatation : éviter de le brusquer le poisson, utiliser une glacière opaque fermée et l’introduire calmement, éclairage éteint jusqu’au lendemain.
Ce poisson n’est ni particulièrement agressif ni paisible. Sauf en couple, leurs relations intra spécifiques sont mauvaises. Les espèces n’ont malheureusement pas un dimorphisme sexuel marqué, donc à moins de les introduire dans un grand volume il est préférable de s’en tenir à un spécimen puisque les ostracionidés d’espèces différentes se supportent bien. Leurs relations inter spécifiques sont bonnes mais ne pas les introduire avec des hippocampes qu’ils agressent en les confondant avec des algues et dont le régime alimentaire est similaire.
Les Ostraciidae se maintiennent sans difficulté lorsque les conditions sont respectées. Prévoir un bac de 500 litres minimum avec de grands espaces et des PV aménagées en grottes pour créer des caches. Ces poissons effrayés peuvent sauter hors de l’eau. On peut prévoir une protection, ou bien un bac profond et éviter de les associer avec des poissons turbulents en conservant une densité de population raisonnable. Dans la nature ils ne s’exposent pas à de forts ensoleillements, un éclairage fluorescent en lumière du jour est idéal et un bac éclairé en HQI disposera de zones d’ombres.
Dans l’aquarium, l’ostracitoxine peut incommoder les autres poissons et même provoquer leur mort ainsi que celles des autres poissons-coffres. En cas de sécrétion abondante d’ostracitoxine on peut constater la présence d’écume en surface et un e opacification de l’eau. Cette situation est toutefois assez rare et concerne plutôt les poissons de grande taille, confinés dans un petit volume. Les poissons intoxiqués, perdent leur équilibre, planent ou dévient sur le fond en présentant des signes d’essoufflement. il faut les sortir de l’eau, les placer rapidement dans une eau saine et puis procéder à un changement d’eau de 50% avec filtration sur charbon actif durant deux à trois jours au terme desquels le charbon sera jeté.
Alimentation
Leur nage lente et surtout l’attention qu’ils portent à la nourriture avant de l’avaler les rend sensibles à la concurrence alimentaire.
Leurs dents sont soudées en une très solide plaque dentaire permettant de fendre les coquilles des bivalves et des Bernard l’ermite. Ils se nourrissent aussi d’éponges, de tuniciers, de vers, algues, gastéropodes, mollusques, étoiles de mer, crustacés (crevettes, certains crabe) et parfois des petits poissons (demoiselles, labres…). Omnivores ils ne sont pas difficiles à alimenter, mais compte tenu de leur lenteur, il faut être attentif à ce qu’ils se nourrissent suffisamment, notamment lors de l’acclimatation, si besoin par par des distributions fréquentes, ciblés avec des mysis, artémias ou des vers. Ils acceptent assez rapidement des morceaux de poisson, calmar, poulpe, moule, de tubifex, krill ou de crevettes fraîches ou lyophilisées. Les poison-coffre apprécient aussi les végétaux qui doivent constituer la moitié des apports alimentaires : algues du refuge ou sèches, spiruline, épinards, salade.
Constamment à la recherche de micro faune, amphipodes et copépodes, ils projettent un jet d’eau sur le sable pour mettre à jour les invertébrés à picorer, et font de même à la surface. Également corallivores, ils ne sont pas recommandés en bac récifal. Cette notion est à relativiser selon l’espèce et on le voit, le risque devient important avec les grands spécimens.
Maladies
Leur peau dénuée d’écaille les rend plus sensibles aux parasites, champignons, maladies virales et notamment à Cryptocaryon Irritans, Amyloodinium ocellatum. Ils sont fréquemment sujet aux infections intestinales en cas d’affaiblissement ou d’agressions répétées. Ils sont sensibles à la qualité de l’eau. Les renouvellements doivent être respectueux, avec une eau proche de l’eau du bac.
Le traitement de l’eau doit être d’autant plus efficace qu’ils produisent une forte charge organique et qu’il plane toujours le risque de sécrétion d’ostracitoxine. Les paramètres d’un aquarium récifal sont idéals mais bien difficile à obtenir avec les grands spécimens. Ammoniaque et de nitrite avoisineront zéro et les nitrates inférieurs à 40 ppm avec un pH supérieur à 8. Il est préférable de mettre en place une filtration efficace, de traiter l’eau sur charbon actif à titre préventif et d’opter pour des renouvellements réguliers de l’eau. On s’assurera de faibles écarts de température et si besoin un traitement UV.
Reproduction
La reproduction n’est pas réalisée à ce jour. Dans la nature, les Ostraciidae vivent en harem. Le mâle garde jalousement plusieurs femelles soumises, dispersées sur son territoire. Il leur rend visite quotidiennement, et vers le mois d’octobre en période de frai, les couples remontent de 30 mètres plusieurs fois vers la surface pour s’accoupler, et ainsi de suite avec chaque femelle. Les conditions naturelles sont difficiles à reproduire tant du point de vue de l’alimentation que de la maintenance (éclairement…), et même dans un grand bac et il est peu probable que l’on voit un jour des poissons- coffres d’élevage.
Mon expérience
Malgré les avertissements habituels de la communauté récifale, j’ai fais l’acquisition d’un Ostracion cubicum juvénile. Le caractère attrayant du poisson autant que le désir d’en savoir plus sur ce poisson m’ont décidé.
Introduit dans un bac de 700 litre mature, j’ai rapidement constaté l’aisance de ce poisson à se mouvoir dans les courants des pompes à large flux. Ça concordait avec les observations que j’avais pu faire un peu plus tôt d’un petit Lactoria cornuta dans les remous, d’un récif frangeant de Mer rouge. Le poisson, ballotté dans les vagues près du bord, ne semblait pas le moins du monde incommodé pour chercher sa pitance. O. cubicum, a pris très rapidement ses repères en ignorant les autres qui sont venus l’observer tour à tour. Il cherchait sa nourriture sur le décor, s’est intéressé, sans plus, à quelques éponges et mangeait tout ce que je lui offrais, à condition de le distribuer pompes éteintes. Il faut avouer que s’il était pugnace pour poursuivre et avaler sa pâtée surgelée à base de poisson, végétaux, bivalves et céphalopode, dans le même temps il en absorbait dix fois moins que les autres. Le petit O. cubicum semblait s’être parfaitement adapté dans son nouvel environnement… et pourtant j’ai constaté sa disparition un mois plus tard, sans signe apparent de maladie ou d’affaiblissement. Avec du recul je suppose que, nourrissant moyennement une fois par jour, il a dû succomber à une insuffisance alimentaire que sa carapace n’a pas laissé paraître.
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