La salinité de l’eau de mer conditionne la vie de toutes les espèces vivantes marines adaptées à leur milieu. L’aquariophile marin en fait l’une de ses priorités. Il peut l’évaluer indirectement par la mesure d’autres grandeurs caractéristiques telle que la réfraction de l’eau de mer. Pourtant le réfractomètre est encore aujourd’hui bien décrié dans le monde du récifal, et l’objet d’une méfiance due essentiellement à sa méconnaissance. Cet article passe en revue plusieurs aspects de l’utilisation du réfractomètre, depuis son fonctionnement jusqu’à l’interprétation des mesures.
1. La réfraction
1.1. Physiquement
C’est, appliqué à notre domaine, la déviation des rayons lumineux à l’interface entre l’eau et des matériaux aux vitesses de phase différentes. Plus concrètement, la lumière, une onde, se déplace dans une direction à une certaine vitesse. Au contact d’un autre matériau, elle subit un changement d’orientation et de vitesse du fait des caractéristiques propres du matériau. Ainsi un bâton plongé partiellement dans l’eau présente une apparente fracture à la surface du liquide, d’où le terme « réfraction ». La lumière est réfractée. Le changement de vitesse (de phase) dans le matériau définit son indice de réfraction n.
1.2. Indice de réfraction
L’indice de réfraction dépend de la composition du matériau, de sa densité, température etc. Il est le résultat de phénomènes complexes d’interactions entre les champs et les atomes de la matière.
Pour deux milieux d’indices respectifs n1 et n2 avec n1 > n2 (figure 2), lorsqu’un rayon lumineux, dit incident, atteint l’eau sous un angle θ1, la déviation est telle qu’il se divise. Une partie se réfléchit à la surface selon le même angle θ1, l’autre se réfracte dans l’eau, selon un angle θ2 avec la relation :
n1.sin(θ1) = n2.sin(θ2) [Equation 1]
si 1 = air : indice de réfraction n2 = sin(θ1) / sin(θ2) [Equation 2]
Matière | Indice de réfraction n |
---|---|
Vide | 1 |
Air | 1,00029 |
Prisme optique (Baryum BAK4) | 1,56774 |
Plastique optique (PMMA) | 1,4917 |
Eau 20°C | 1.333 |
Eau de mer S= »35, 25°C , p0 | 1,33940 |
Eau salée NaCl 25°C | 1,3971 ?? |
Cette équation sinus révèle une situation particulière, sur laquelle repose le réfractomètre, où l’angle θ1, rasant la surface, atteint la valeur limite θlim = arcsin (n2/n1). C’est l’angle limite ou angle critique. Au-delà de cet angle critique, la lumière n’est plus réfractée, seulement réfléchie. N’étant plus réfractée elle n’est plus visible sous la surface. On ne peut voir cette partie du faisceau qui apparait sombre dans un réfractomètre.
On exprime le plus souvent l’indice de réfraction comme le rapport entre la vitesse de la lumière dans le vide, et la vitesse de phase de la lumière dans ce milieu. Dans la pratique, on utilise comme référence la vitesse dans l’air, sans impact sur nos mesures. C’est un ratio de deux vitesse, une valeur sans dimension, toujours supérieure à 1.
L’indice de réfraction dépendant de la longueur d’onde d’émission, on compare avec une radiation monochromatique de référence de longueur d’onde 587,6 nm, proche de la moyenne du spectre visible (tableau ci-joint). On peut déjà noter ici la différence d’indice entre l’eau de mer et une eau salée avec seulement du chlorure de sodium NaCl.
1.3. Réfraction et salinité
La réfraction d’une eau salée avec (avec NaCl dans la figure 3) est linéairement proportionnelle à la concentration en sels. Notre réfractomètre exploite cette relation simple. L’indice est d’autant plus important que l’eau est salée.
Mais la réfraction dépend aussi de la nature du matériau et, concernant plus particulièrement l’eau salée, elle dépend de la nature du soluté. Ainsi la réfraction ne sera pas identique pour une eau chargée de sels différents et d’autres constituants.
L’eau de mer contient plusieurs sels chlorure de sodium (NaCl), chlorure de magnésium MgCl26H2O, sulfate de magnésium MgSO47H2O, c’est pourquoi, à salinité égale, la réfraction de l’eau de mer est différente d’une eau simplement salée avec du chlorure de sodium NaCl (ableau 1). Par conséquent, lorsqu’on mesure la salinité d’une eau de mer avec un réfractomètre prévu pour l’eau salée au NaCl, il faut retrancher 1,5 à 1,7 à la valeur lue pour obtenir la vraie salinité de notre eau de mer.
Salinité eau de mer = salinité réfractomètre NaCl – 1.5
Que mesurent les réfractomètres du commerce ?
La salinité mesurée est elle obtenue avec l’eau de mer et tous ses sels, ou bien avec une dilution de sel NaCl ? Cette question mériterait des réponses précises de la part des fabricants. Bien souvent ils n’indiquent pas ce qu’ils mesurent. L’indication est parfois ambigüe, même de la part des spécialistes : Hanna HI96822 mesure le NaCl dans l’eau de mer, comment comprendre cette information ?
1.4. Réfraction et température
La salinité est indépendante de la température. Cependant l’indice de réfraction change beaucoup avec la température (figure 3). Un aspect à intégrer lors des mesures comme on le verra.
2. Le réfractomètre portatif
La salinité de l’eau de mer, milieu n2 (figure 2), dépend de la réfraction de l’angle θ1 d’inclinaison du faisceau lumineux dans l’air (milieu n1). Selon l’équation 1, il est ainsi possible de déduire l’indice de réfraction du milieu n2, et donc sa salinité, par la mesure de l’angle limite θ1lim. C’est exactement ce que réalise notre réfractomètre.
2.1. Principe de fonctionnement des réfractomètres
Le réfractomètre utilise la particularité d’un rayon lumineux à ne plus être réfracté au-delà d’un certain angle limite. Il reproduit cet angle limite, sous lumière rasante (diffraction d’incidence rasante), représentatif de l’indice de réfraction lié à la composition du matériau, en l’occurence son taux de sel, sa salinité.
Pour ce, le réfractomètre doit essentiellement :
- Reproduire la configuration d’apparition du stade limite pour détecter le niveau de cette particularité. C’est le rôle de la première partie de l’instrument : la plaque d’illumination, qui contribue à scinder le faisceau et le prisme qui le redirige vers le système de mesure.
- Exploiter l’information visuelle reçue avec un jeu de lentilles optiques pour le quantifier, soit visuellement sur un réticule gradué ou électroniquement par un système optronique.
2.2 Principe du réfractomètre portatif
C’est celui que nous connaissons le mieux. Il comporte :
- Une plaque d’illumination destinée à fixer l’échantillon et à reproduire la lumière rasante proche de l’angle critique.
- Un prisme qui réoriente le faisceau lumineux
- Le télescope avec ses lentilles qui concentre les rayons lumineux vers la visée
- Le réticule gradué.
- Une mise au point focale
- Un système de calibrage et de correction de température
La plaque d’illumination
Elle est en verre et pour les modèles premiers prix, en plastique. On lui doit plusieurs fonctions :
- Maintenir en place les gouttes, échantillon d’eau à analyser
- Canaliser la lumière vers l’échantillon : la plaque dispose souvent d’un biseau qui récupère la lumière la plus rasante, provenant de l’axe du réfractomètre.
- Réduire la lumière parasite : l’indice de réfraction de la plaque d’illumination doit impérativement être supérieur à celui du liquide, sinon la lumière pénètrerait verticalement. La plaque est donc diffuse sur sa partie inférieure, satinée par grattage ou moulage, afin de limiter la pénétration des rayons verticaux qui ne répondent pas à l’exigence de lumière rasante.
- Générer une lumière rasante : en plus de ce qui précède, la plaque génère et maintien un film d’eau très fin, indispensable pour obtenir une lumière rasante. La lumière incidente traverse ce film de manière très tangentielle. C’est la condition pour s’approcher de l’angle critique.
De cette petite plaque, apparemment anodine, dépend la qualité à la source, du faisceau réfractant. À ce stade, seule la lumière réfractée pénètre dans le réfractomètre créant deux zones distinctes : claire et sombre. C’est la raison pour laquelle un œil placé devant la visée du réfractomètre perçoit toute la lumière réfractée dans une zone claire, délimitée par une frontière au-delà de laquelle tout est subitement plus sombre. Dans la pratique, un peu de lumière diffuse dans la zone sombre permettant de lire l’échelle.
Il est évident que des plaques en verre permettent une meilleure lecture que les plaques en plastique. Ces dernières répondent toutefois au besoin des aquariophiles.
Le prisme
Le prisme d’un réfractomètre portatif est en mode "transmission". C’est à dire que la lumiere passe au travers du prisme.
Le prisme doit :
- Capter les rayons lumineux sans distorsion, sans le rendre diffus. Idéalement le rayon doit sortir en un seul rayon. La surface de contact avec l’échantillon, le dioptre, est en matériau dur, totalement plan, sans aucun défaut géométrique ni aspérité.
- Orienter et transmettre les rayons vers l’organe de lecture. Pour ce on utilise des matériaux très transparents tels que le verre, verre au baryum, silice, saphir etc.
Lentille
Une ou plusieurs lentilles en verre, intercalée entre le prisme et le système de mesure, forment l’objectif qui concentre les rayons sur le réticule de mesure de façon à obtenir une image nette.
Oculaire, réticule, mesures et mise au point
Les rayons lumineux sont concentrés sur un réticule : un verre gravé d’une ou plusieurs échelles graduées avec des lignes, des chiffres. Chaque réfractomètre est conçu pour un usage dans une gamme restreinte d’indices de réfraction. Selon le produit testé l’échelle est graduée en degrés Brix, en pourcentage d’alcool, en pourcentage de glycol, en salinité exprimée en ‰ "parties pour mille", ou mg/l, ou PPT "part per thousand"), densité etc. Il suffit d’établir une relation, dans les conditions spéciques des ptiques, entre cet angle et la salinité de l’eau de mer
pour en déduire la salinité.
Pour mémoire la salinité n’a plus d’unité depuis belle lurette.
Pour mémoire, la salinité (S) est depuis 1978 officiellement mesurée à partir de la conductivité électrique de l’eau à une certaine température et pression. La salinité d’un échantillon d’eau est donnée par le rapport K de la conductivité électrique de cet échantillon d’eau de mer à 15 °C et à la pression atmosphérique normale, avec la conductivité d’une solution de chlorure de potassium (KCl) dans laquelle la fraction en masse de KCl est 0,0324356, à la même température et même pression. Si ce rapport K est égal à 1 on dit que la salinité est de 35. La salinité n’est plus présentée comme un rapport de masse. Elle s’exprime sans unité, comme le pH, mais on trouve encore des salinités exprimées en ‰, en g/kg ou en psu (practical salinity unit).
Pour le confort visuel de l’opérateur, une lentille à l’entrée de l’oculaire grossit l’échelle de mesure et une bague permet d’ajuster la distance focale exactement sur le graticule.
La lecture ne peut se faire sans erreur que si la frontière est bien définie. La netteté du tracé dépend :
- De l’épaisseur parfois trop fine du film d’eau. La plaque doit donc être sans déformation pour appuyer suffisamment et régulièrement sur toute la surface.
- A contrario une épaisseur trop importante génère des interférences qui floutent la frontière. la théorie dit que pour un prisme de 30 mm, l’épaisseur devrait se situer vers 0,038 mm. Ce n’est évidemment pas le cas pour les réfractomètres numériques dont l’échantillon consiste en une goutte déposée sur le prisme.
- L’eau de mer ne doit pas être colorée ou trouble au risque de modifier le comportement des rayonnements et de perdre du contraste.
- Prisme avec impuretés.
- De l’angle d’inclinaison du réfractomètre.
2.3. Température et compensation
Nous avons vu que, si la salinité ne dépend pas de la température, sa mesure par réfraction en dépend fortement. En effet, le fluide étant moins dense la lumière passe plus facilement, sa trajectoire dévie moins et l’indice de réfraction diminue. Un réfractomètre est prévu pour une température donnée et l’échelle de mesure est graduée en fonction de cette température.
Les réfractomètres actuels disposent d’une compensation automatique de la température (ATC), mais efficace dans une certaine plage de mesure. De plus, l’indice de réfraction n’évolue pas de manière strictement linéaire selon la température. Il convient de ne pas s’écarter de la température prévue par le constructeur (environ 10°C à 30°C).
Le système qui équipe les réfractomètres portatifs consiste en un bilame. Il s’agit de deux lames de métaux différents, intimement plaquées l’une contre l’autre. Leurs coefficients de dilatation étant différents, le bilame se courbe plus ou moins selon la température. La position du réticule, ou d’un composant optique intermédiaire, solidaire du bilame s’ajuste en fonction des variations. Ce dispositif est entaché d’une erreur pour la raison évoquée plus haut, mais elle reste très acceptable pour notre hobby.
Soyons clairs, l’ATC n’ajuste pas la lecture d’un réfractomètre à la température de l’aquarium, comment le pourrait-il ? On considère que les deux gouttes déposées sur le prisme sont très rapidement à la température de l’appareil. C’est acceptable, mais à condition que l’appareil lui-même ait été entreposé à bonne température avant utilisation. En effet, la figure 2 montre qu’un écart de 5 °C induit une variation non négligeable de la salinité de 2 à 3 unités.
2.4. Mesure avec un réfractomètre portatif
Simple d’utilisation, la prise de mesure impose quelques précautions :
- Entreposer le réfractomètre avant utilisation à une température proche de la température prescrite par le constructeur.
- Procéder si besoin au calibrage du zéro et à l’étalonnage comme indiqué plus loin.
- Ouvrir le clapet de l’illuminateur relié par une petite charnière.
- Nettoyer le prisme en verre et le clapet avec de l’eau distillée/osmosée, sécher au chiffon doux.
- Rincer plusieurs fois la pipette avec l’eau à tester.
- Déposer 2 gouttes sur la surface du prisme.
- Fermer le rabat, parallèle et au contact intime du prisme de verre. Le rabat transparent doit être complètement mouillé après la fermeture.
- Positionner le réfractomètre horizontalement dans la direction d’une source de lumière suffisante, sans excès (lumière du jour, lampe d’appoint).
- Si besoin, ajuster la bague de mise au point.
- Si la frontière entre les zones claire et sombre est floue, revoir l’épaisseur du prélèvement. Si l’échelle est trop claire, l’indice de réfraction du liquide est supérieur à la capacité du réfractomètre.
- S’assurer que le réfractomètre est prévu pour l’eau de mer. S’il est prévu pour de l’eau salée avec NaCl (cas fréquent), il faudra soustraire 1.5 points à la valeur lue pour obtenir la vraie salinité eau de mer.
- Lire directement la salinité sur le réticule, souvent échelle de droite identifiée en ‰ ou ppt.
- Après usage, rincer le prisme et le rabat à l’eau osmosée, essuyer avec un chiffon propre et doux pour ne pas générer d’erreur ni endommager le prisme.
Interprétation de la mesure
Le réfractomètre portatif est accablé de tous les maux, et parfois celui "d’avoir fait perdre tous les coraux". Plus sérieusement, n’importe quel instrument de mesure mal interprété peut conduire à des désillusions. Voyons où se situent les risques pour l’aquarium récifal.
Erreurs fréquentes de mesure
- Erreur de conversion : La première erreur provient de vouloir exprimer le résultat en densité, sans tenir compte de la petite notation à côté de l’échelle de mesure. La mention telle que d20/20. Pour mémoire, d20/4 signifie que la densité de l’appareil est le ratio entre une eau à 20°C par rapport à l’eau de référence à 4°C). Dans le cas d20/20 l’appareil se réferre à une eau douce à 20 °C, alors que l’eau de référence est à 4°C.
Exemple : l’aquariophile lit 1,026 et salinité S=35. En réalité, toutes conversions faites aux conditions 25/4, la densité est 1,023 et la salinité réelle S=34
À celà s’ajoute l’ambiguïté des informations (quand elles existent) de la part des vendeurs et celle de gravures sur les graticules, parfois incohérentes.
- Erreur de température : l’aquariophile a consciencieusement laissé reposer son réfractomètre à température ambiante. Il décide de lire directement la salinité et mesure S=35. C’est la période estivale, la température du local monte à 30 °C. La compensation automatique de température est-elle efficace à ce stade ? Toutes conversions effectuées, la salinité est potentiellement S=30. Un bel écart !
- Erreur de choix d’équipement : ce même aquariophile a quand même déjà désigné le réfractomètre comme le grand fautif de la perte de couleur et des nécroses qu’il voit augmenter. Il n’est malheureusement pas au bout de ses peines. En effet son réfractomètre est prévu pour mesurer la salinité d’une eau salée seulement avec du chlorure de sodium NaCl. Rappelons-nous, la réfraction dépend de la nature du produit et l’eau de mer contient beaucoup plus que ce sel.
Son réfractomètre n’est pas adapté. Dans une telle situation il devrait retirer de 1,5 à 1,7 à la salinité mesurée. Sa salinité réelle est donc S=28,5.
Alors, à qui la faute ? Et nous n’avons pas encore abordé le chapitre de l’étalonnage ! On s’aperçoit bien souvent que, sauf équipements hors service et non vérifiés par l’opérateur, les dérives sont le fait d’une succession d’écarts et toutes du fait de l’aquariophile. Mais comment mesurer et interpréter ?
Comment mesurer et interpréter les résultats
- Entreposer l’appareil à une température proche de son étalonnage.
- Ne pas s’attarder avec les valeurs de densité (specific gravity), et n’utiliser que la salinité.
- Utiliser un réfractomètre prévu pour l’eau de mer, sinon retirer S1.5 à la valeur lue.
- Réaliser les conversions à 25°C en suivant ce Calculateur Salinité, sauf si le réfractomètre est étalonné pour 25°C.
3. Autres réfractomètres
Modes transmission et réflexion
Le réfractomètre portatif évoqué à ce stade est dit "à mode de transmission" puisque la lumière est transmise à travers l’échantillon. Il existe cependant un autre mode de fonctionnement, également basé sur l’angle critique, appelé mode de réflexion comme par exemple le modèle Hanna ci-contre. La lumière ne traverse pas l’échantillon d’eau, elle vient simplement se réfléchir à l’interface eau/prisme
Ce principe offre plusieurs avantages :
- Utilisation et nettoyage rapides.
- Lecture directe, plus facile, sans risque d’erreur opérateur.
- Précision améliorée, même sous plus faible illumination.
- L’épaisseur du film n’est pas importante : on dépose les gouttes dans le réceptacle, sur le prisme. Il n’y a pas nécessité de plaquer et d’écraser un film de liquide. Il permet de tester des matériaux visqueux.
- La lumière, émise par l’appareil ne traverse pas la goutte mais est réfléchie vers l’unité de mesure. Ce mode est plus adapté à des matériaux fortement colorés ou troubles.
- Prismes de petite taille : ce mode ne nécessite pas des prismes importants et peut fonctionner avec seulement une petite zone éclairée. C’est un aspect important avec des matériaux coûteux tels que le saphir synthétique.
- Source lumineuse intégrée : moins sensible à l’environnement extérieur, de puissance juste adaptée, moins consommatrice d’énergie et qui chauffe moins pour des appareils automatiques portables.
- Régulation de la température plus fiable quand ils sont équipés d’une régulation avec un élément Peltier.
Et un petit inconvénient : La frontière est moins bien définie pour une détection visuelle. Un inconvénient mineur avec un système de détection optoélectronique.
Il existe des systèmes plus élaborés tant dans la détection du faisceau lumineux que de la maitrise des températures. Ils débordent du cadre de notre hobby.
4. Vérification du réfractomètre
Les réfractomètres de marques, portables ou de paillasse, sont en principe calibrés et étalonnés d’usine. Le réfractomètre est un équipement apparemment rustique mais les lignes qui précèdent nous dévoilent une optique sensible, ajustée pour détecter des angles au dixième de degré. Il n’échappe pas aux risques de déréglages : un désalignement de lentille, une échelle décalée, un bilame qui ne réagit plus correctement, un verre optique déplacé ou brisé…
Tout instrument de mesure non certifié (avec garantie d’étalonnage) doit être vérifié dès son acquisition et du rant sa vie. La vérification consiste à vérifier un certain nombre d’aspects, ajuster le zéro et étalonner.
4.1. Précautions, entretien
Les opérations qui suivent nécessite toutes les mêmes précautions :
- Entreposer l’appareil quelques heures à température proche de celle prescrite par le constructeur pour l’étalonnage (souvent 20°C à 25°C).
- Avant et après chaque utilisation, nettoyer la plaque et le prisme à l’eau osmosée (déminéralisée), essuyer avec un chiffon doux.
- Lors des mesures, s’assurer que l’ensemble du champ de mesure est mouillé après la fermeture du clapet.
- Ranger dans un lieu protégé, sec, exempt d’humidité et d’ambiance saline.
- Ne jamais plonger le réfractomètre dans l’eau.
- En présence d’humidité à l’intérieur sécher sans produit chimique abrasif ou corrosif.
4.2. Vérifier
- L’état des optiques : absence de rayure, corps étrangers… sur la plaque et le prisme.
- La bonne rotation de la plaque d’illumination sur son axe qui peut s’oxyder dans une ambiance saline. La rotation doit être facile tout en conservant son appui durant la lecture.
4.3. Ajuster le zéro
- Respecter les mesures de précaution ci-dessus.
- Rincer l’intérieur de la pipette plusieurs fois avec de l’eau osmosée, ensuite rejetée.
- Déposer une ou deux gouttes d’eau osmosée sur le prisme en verre, laisser reposer au moins 15 secondes pour se mettre à la température du réfractomètre
- Tourner la vis de mise à zéro avec un petit tournevis jusqu’à ce que la frontière entre zone claire et sombre soit à la salinité S=0.
- Procéder à l’étalonnage ou à une mesure.
4.4. Etalonner
L’étalonnage consiste à vérifier l’exactitude de l’appareil, c’est à dire :
- Justesse : l’écart entre sa moyenne et une solution étalon certifiée,
- Fidélité : la reproductibilité des mesures.
4.4.1. Justesse
La réfraction est en relation linéaire (une ligne droite) avec la salinité (figure 2). Une fois effectuée la mise à zéro, il convient de s’assurer que la ligne n’est pas décalée angulairement. Pour ce, il faut vérifier un autre point. Ce point est choisi selon l’usage normal du réfractomètre. Dans notre cas, un étalon de salinité S35. La justesse est l’écart entre la valeur lue et la valeur étalon.
Choix de l’étalon
L’étalon, doit correspondre au fluide auquel l’appareil est destiné : étalon S35 eau de mer pour un réfractomètre "eau de mer", étalon S35 eau salée NaCl pour un réfractomètre "eau salée NaCl". On trouve très difficilement des étalons "S35 eau de mer". Il est surprenant que des sociétés réputées telles que RedSea, Hanna, H2Ocean… proposent des réfractomètres spécifiquement adaptés à l’eau de mer, mais pas d’étalon pour leur appareil. Parmi les étalons on peut citer : AccuraSea, un étalon S35 eau de mer ; étalon S35 25°C Tridacna comme son intiyulé l’indique, pour l’eau salée NaCl.
L’utilisation d’un étalon non adapté engendre des erreurs. Cela peut s’envisager à condition d’en tenir compte pour l’étalonnage et les mesures ultérieures :
- Lecture sur un réfractomètre NaCl avec "étalon eau de mer" : soustraire S1,5 à la valeur lue.
- Lecture sur un réfractomètre "eau de mer" avec "étalon NaCl" : ajouter S1,5 à la valeur lue.
Etalon eau de mer à réaliser soi-même
Randy Holmes-Farley propose de réaliser une solution avec 3.65 % en poids de sel de table qui contient 97 % de chlorure de sodium NaCl. Cette solution de salinité S36,5 possède un indice de réfraction 1,3394 identique à celui de l’eau de mer S35. Le NaCl pur n’est pas très hygroscopique dans une ambiance à taux d’humidité normal (attention, ce n’est pas le cas de nos sels synthétiques marins). Il le devient beaucoup plus au-delà de 75 % HR. Contenant moins de 3 % de substances autres que NaCl (MgCl2, CaCl2,…) en mesure d’absorber de l’humidité, cela représente finalement peu s’il est stocké dans de bonnes conditions. Son séchage n’est alors pas essentiel.
Préparation :
- Si besoin, sécher du sel de cuisine 45 mn à 140 °C et laisser refroidir dans un récipient étanche.
- Peser 3,65 g de ce sel avec une balance à la précision 0,01 g.
- Peser 96,35 g d’eau déminéralisée ou osmosée. Une balance à 0.1 g peut convenir pour la précsion.
- Dissoudre le sel dans l’eau.
Interprétation des résultats :
- Ecart réfractomètre-étalon = 0 : appareil valide.
- Ecart réfractomètre-étalon = ± 1 point : appareil admissible, il faut en tenir compte lors des mesures ultérieures.
Il est possible d’ajuster le niveau de la frontière à la valeur de l’étalon S35, avec la vis de réglage. Cela permet de lire des valeurs autours de la valeur étalon S35. Mais on ne doit plus ajuster le zéro ni lire une valeur d’eau douce. - Ecart réfractomètre-étalon > 1 point : un élément s’est déréglé, il peut en annoncer d’autres. Remplacer l’appareil.
4.4.2. Fidélité
Vérifier la reproductibilité de 3 mesures successives dans les mêmes conditions. Ce test permet de s’assurer à la fois de la reproductibilité de l’appareil et de l’opérateur. Une mauvaise reproductibilité est peu probablement due à cet appareil, l’opérateur peut améliorer son protocole de mesure.
En souhaitant avoir un peu levé le voile sur cet équipement digne d’intérêt.
En savoir plus
- Refractometry Handbook – Principles and Best Practices – Bellingham + Stanley, a Xylem brand
- Refractometers and Salinity Measurement – Randy Holmes Farley – Reefkeeping 12/2006
- Mesure de la salinité des eaux naturelles en hydrologie et en hydrobiologie. Essai pour une standardisation de l'expression des résultats – Persée
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